XI ème siècle
Édification
Lors de son édification, au XIème siècle, elle est de style roman et orientée est/ouest vers l’étoile Spica de la constellation de la Vierge où s’est concentré un rare regroupement de planètes en 949, 1008, 1057. Ce signe du ciel s’estompera peu à peu.
Construite à cheval sur la crête rocheuse qui devait abriter un sanctuaire préchrétien, sa position de montagne du milieu : monsmediolanum => mon molena, peut-être de borne entre peuples gaulois, en fait un lieu propice au sacré. Des alignements de blocs sont encore présents à proximité.
À l’origine, elle est la chapelle du château d’un seigneur inconnu, vassal d’Uzès, dont la tour qui la jouxte était le donjon chargé de surveiller le nord de l’Uzège.
Elle dispose de deux travées et d’une abside. Ce castrum de Monmolena, connu en 1144, sera en partie démantelé et les pierres calcaires brûlées produiront la chaux pour de nouveaux remparts plus vastes. Le château roman servira également de carrière pour les nouvelles maisons des quartiers bas du village.
XIII ème siècle
Plan des parties de la chapelle
La chapelle est en partie détruite une première fois à la période de l’Hérésie Cathare durant la « guerre des Albigeois » fin XIIe s. Elle sera reconstruite avec un porche gothique primitif au XIIIème s. avant que le Seigneur d’Uzès, nouveau propriétaire, ne la flanque d’une tour (aujourd’hui arasée) pour fortifier l’ensemble et affirmer son pouvoir.
Fin XIVe, suite à la Guerre de Cent Ans, elle deviendra la tour d’angle nord-est du nouveau rempart de la communauté villageoise.
XVI ème siècle
Les guerres de religions
Abside romane, rempart du XIVe s. arasé en 1629 puis reconstructions
Les guerres de religions du XVIe s. malmèneront les catholiques, elle servira alors de lieu de stockage (sel, blé ?) et peut-être de moulin à vent.
Le fac-similé en plâtre d’une inscription (pierre gravée, propriété d’une personne privée) apposé dans le chœur rappelle l’œuvre de reconstruction de Messire Louis Pujolas, Prieur : « 1610 Estant Prieur MLP, suis estée r éparée ». Cette inscription est entourée des monogrammes IHS Iesus Hominum Salvator et VM (liés) pour la Vierge Marie.
La chapelle reprendra du service religieux avec sa nouvelle orientation sud-nord, en forme de croix, assise par endroits sur les éboulis et les sépultures des périodes précédentes. Elle sera bientôt victime de Louis XIII et de Richelieu venus pacifier le Languedoc en 1629 : les voûtes sont mises à bas et les murs arasés à 4 mètres comme ailleurs. La tour est alors coupée en deux pour rappeler la population à son devoir d’obéissance.
Les reconstructions de la fin du XVIIe. s. apparaissent sur la façade sud : deux petites fenêtres sont réalisées, aujourd’hui bouchées, et les deux voûtes de l’entrée sont remontées. Le clocheton se trouve sur l’abside est (trou de corde).
De 1685 à 1824
Façade sud – fenêtres obstruées et oculus
1685 : Après la révocation de l’Édit de Nantes, les nouveaux convertis ne se mélangeant pas avec les catholiques « d’origine », une tribune et son escalier d’accès sont édifiés sur la première travée, au sud. La chaire, élevant l’officiant, permet de s’adresser à tous. Il en reste une trace, peu visible cependant.
1702 – 1704 : Les guerres des Camisards sont là. Les fenêtres sont bouchées totalement ou partiellement. L’abside est alors aveuglée pour devenir la « Chapellanie Notre Dame sise dans l’église ».
1792 : Le prêtre Joseph Bénézet Catelany refuse de prêter serment à l’Assemblée Nationale. Il sera pourchassé et exécuté. A ce moment, la chapelle dispose d’une cure où réside le prêtre.
La forte croissance des XVIIIe et XIXe s. s’est illustrée par le nouveau clocher que nous connaissons. En pierre de Vers, il est doté d’une grosse cloche. Plus tard, Napoléon Bonaparte fait réquisitionner les cloches pour fondre des canons. Celle de la chapelle en sera victime aussi.
1824 : Une nouvelle cloche est fondue. Elle rythmera la vie de la communauté jusqu’en 1860, date à laquelle elle sera déménagée au clocher de la nouvelle église du village récemment construite.
La chapelle est désacralisée et laissée à l’abandon.
1982
Le sauvetage
1982 : Création de l’Association pour la Restauration de la Chapelle Saint-Pierre afin de la sauver de la ruine, la restaurer et la garder dans le patrimoine collectif.
Très vite il faut prévoir de gros travaux. La toiture est mise hors d’eau et le clocher, réparé. Malgré ce mauvais état général, restaient quelques fresques intérieures, du pavé et une nef en partie du XIème siècle, de belles découvertes à faire sur son histoire.
La chapelle révèle bientôt une acoustique exceptionnelle avec une rare absence d’écho.
Avec les moyens qui furent les siens, l’association est parvenue à réparer la toiture, restaurer les murs qui en avaient besoin, nettoyer et aménager les abords. Aujourd’hui, ouverte au plus grand nombre, la chapelle retrouve sa vocation de lieu de contemplation. Située sur le parcours du PR 36, elle est très fréquentée et très appréciée.
Et après ?
Le sauvetage
L’organisation de manifestations culturelles : concerts, théâtre, danse, expositions et son entretien régulier continuent à la faire vivre. En 2017 a eu lieu une sympathique “fête médiévale”. Son succès a donné aux organisateurs le désir de la reconduire.
La réappropriation de cet espace par les habitants et les visiteurs est un enjeu majeur. Pour ce faire, l’investissement de toutes les bonnes volontés est indispensable.